La princesse sans visage by Ariel Holzl

La princesse sans visage by Ariel Holzl

Auteur:Ariel Holzl [Holzl, Ariel]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Slalom
Publié: 2022-06-02T06:34:46+00:00


15

Le départ

Les carrosses blanc et or resplendissent dans le matin comme des bourgeons couverts de rosée.

Postée sur les marches du palais, Ivy étouffe un bâillement. Vesper lui a choisi une tenue des plus confortables : son manteau à capuche, une tunique ni trop épaisse ni trop légère, et des chausses longues qui tombent sur une paire de bottes plates. Derrière son masque, son aiguille à cheveux maintient un chignon sans fioriture. Enfin, l’œuf que lui a offert Tybalt patiente dans une poche cousue à l’intérieur de sa tunique.

Je doute d’en avoir une quelconque utilité avant d’arriver à Gran Verdia, mais il m’a l’air trop fragile pour ma malle de voyage, ballottée tout du long par la route et le vent.

Elle n’ose pas s’avouer qu’elle préfère garder le cadeau tout contre son cœur.

Ivy observe Cobweb qui installe ladite malle sur le toit d’un carrosse. Depuis l’assassinat d’Hélionie, le sluagh a gardé sans faillir la porte de sa chambre.

Elle décide de lui adresser quelques mots, même si la conversation n’est pas le fort du cocher :

— Je vous remercie encore pour tous vos efforts, Cobweb.

— Pas d’quoi, milady. En entendant vos récents tracas, l’maître m’a chargé d’vous veiller davantage.

Le maître… Il veut parler du Gentilhomme. Je vois qu’il se préoccupe encore un peu de moi, même de loin… Et même sans mon consentement !

— J’crains juste de pas vous être d’une grande aide dans l’épreuve à venir, continue le cocher de sa voix traînante.

— Vous en avez assez fait, je vous l’assure. Je dois apprendre à mener mes propres combats, affirme Ivy d’un ton résolu.

Son attention se reporte ensuite sur les magnifiques chevaux attelés à l’avant. Leur robe blanche est veinée de gris, rappelant le marbre-bois du palais. La jeune fille a aussi l’impression de voir des plumes parmi leurs crins.

— Cobweb ? Connaissez-vous la race de ces coursiers ?

— Des pégases des prairies d’Octirio, milady. La Reine Verte leur a fait couper les ailes.

Sa réponse assombrit l’humeur d’Ivy.

— Quel gâchis…

— Vous en faites pas, milady. Ils sont encore sacrément vifs.

Il tend un doigt écailleux vers le siège du conducteur.

— ’Voyez toutes ces ceintures ? C’est pour éviter la chute. Les pégases galopent si vite que l’cocher risque de décoller au moindre cahot.

— Bigre ! Les passagers doivent rebondir comme des pois dans une cosse, s’affole Ivy. J’aurais dû demander à Vesper des chausses rembourrées.

Cobweb saute à bas du carrosse et secoue la tête.

— Pas d’inquiétude. L’intérieur est enchanté. Mais vous faites pas pousser hors de la voiture, milady. Sinon, vous finirez en marmelade.

— Plutôt en gelée royale ! pouffe quelqu’un derrière Ivy.

Elle se retourne et tombe nez à nez avec les jumelles sylphes.

Dahlia et Flora sont vêtues plus sobrement qu’à l’accoutumée. Presque à la garçonne, avec leurs chemises blanches à manches bouffantes et leurs cuissardes d’équitation. Un lacet de cuir retient leurs mèches épineuses en queue-de-cheval.

— Nous voyageons donc dans le même carrosse… constate Ivy, la mine résignée.

Flora fait claquer sa langue.

— Vous n’êtes pas non plus notre premier choix, meurtrière !

Elle s’empresse de grimper dans la cabine.



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